Une image réaliste malgré des connaissances limitées
Claudio Zemp
En résumé, les réponses écrites des assurés aux questions à choix multiple de l’enquête ont donné une image très réaliste mais alarmante. La majorité de la population suisse ne pense tout simplement pas toucher une rente suffisante à l’âge de la retraite. Selon l’étude, environ trois personnes interrogée sur cinq ne croient pas qu’elles recevront suffisamment d’argent de l’AVS et du 2e pilier pour maintenir leur niveau de vie habituel à la retraite. Elles craignent de se retrouver en situation de pauvreté. Sur ce point, la majorité des sondés est nettement plus pessimiste qu’il y a un an.
Baisse des cotisations
«Les gens ont pris conscience de la problématique», constate Yvonne Seiler Zimmermann, responsable de l’étude et enseignante à la Haute école de Lucerne. La raison est simple: ces dix dernières années, tous les paramètres garants de bonnes prestations ont diminué, en particulier le taux d’occupation moyen (temps partiel). «Avec l’émergence de nouveaux modèles de travail, les Suisses versent moins de cotisations», explique Mme Seiler Zimmermann. Le tiers cotisant connaît en outre des difficultés, ce qui aggrave le problème. Le changement démographique et le niveau insuffisant des rendements ne permettent pas d’assurer le financement durable du 2e pilier.
Les attentes relativement minces en termes de rentes concernent davantage le 2e pilier financé par capitalisation que l’AVS, ce qui égratine encore l’image de la prévoyance: «Le scepticisme des personnes interrogées concernant les prestations de retraite est élevé», indique Mme Seiler Zimmermann. La population a tout de même aussi conscience que des réformes sont nécessaires et ont un prix. Seuls 4% des participants à l’enquête rejettent les mesures qui visent à remédier aux problèmes de financement de l’AVS et du 2e pilier. Le fait que la confiance dans le système de prévoyance continue à diminuer pose néanmoins problème. Fait intéressant: les femmes et les jeunes ont encore moins d’espoir que les hommes de toucher un jour une rente suffisante de l’AVS et du 2e pilier pour leur vieillesse. Les chercheurs dressent un constat alarmant: beaucoup n’ont tout simplement pas les connaissances nécessaires pour exercer leur responsabilité individuelle en se tournant vers des possibilités de prévoyance alternatives.
La caisse de pensions reste le premier interlocuteur
Les assurés ont une vision de leur propre caisse de pensions très différente de leur attitude à l’égard du 2e pilier en général. «La caisse de pensions reste le premier interlocuteur pour toutes les questions», affirme Mme Seiler Zimmermann. Les assurés s’adressent donc à leur caisse lorsqu’ils se préoccupent de leur retraite. Généralement, ils le font peu d’années avant d’atteindre l’âge de la retraite et il est donc trop tard pour pouvoir changer beaucoup de choses.
L’étude a également interrogé la population sur ses connaissances générales en finance au moyen d’un test standard de l’OCDE qui permet d’établir des comparaisons avec d’autres pays. S’agissant des connaissances en matière de prévoyance, les chercheurs ont en outre élaboré des questions spécifiques avec des experts. Les résultats de l’enquête montrent que les connaissances des personnes interrogées sur le système de prévoyance et leur propre institution de prévoyance sont plutôt modestes. 62% des sondés veulent néanmoins déterminer eux-mêmes la stratégie de placement de leur capital de prévoyance, ce qui reflète un état d’esprit propre à notre époque. «Le principal problème n’est pas le manque de connaissances en soi, mais l’ignorance de ses propres lacunes», précise Yvonne Seiler Zimmermann. Cela n’a pas changé radicalement par rapport à l’année dernière.
Le pilier 3a passe devant le 2e pilier
Ces lacunes dans les connaissances se manifestent particulièrement dans les réglementations relatives à la prévoyance vieillesse volontaire. Ainsi, une personne qui interrompt son activité professionnelle ne peut plus cotiser au pilier 3a, mais beaucoup l’ignorent. Seul un tiers des personnes interrogées sait que toutes les personnes en Suisse n’ont pas le droit de cotiser au pilier 3a.
Le thème «prévoyance vieillesse» suscite toutefois un intérêt toujours aussi vif, ce qui est un point positif pour la branche. La population s’intéresse donc beaucoup aux développements dans le domaine des assurances sociales. Une partie du problème vient sans doute du fait que les gens ne connaissent guère le montant de leur avoir dans la caisse de pensions. Lors de la présentation à Rotkreuz, une personne dans le public a émis l’idée de faire figurer le capital d’épargne sur la déclaration d’impôts afin que les gens puissent le garder en tête.
Cette année, l’étude s’est particulièrement intéressée aux modèles d’épargne-temps qui sont encore très peu répandus en Suisse. Quatre sondés sur cinq apprécieraient de pouvoir financer une pause professionnelle, un congé sabbatique ou une formation continue à l’aide de ce modèle. A la question de l’objectif des efforts d’épargne, la retraite anticipée reste toutefois de loin la réponse la plus fréquente. Prendre sa retraite plus tôt représente donc toujours un idéal pour la plupart des gens. Cela non plus n’a pas changé: ceux qui en ont les moyens partent le plus tôt possible à la retraite.
Connaissances en matière de prévoyance
Le commentaire annoncé de Stephan Wyss est supprimé. L’étude «Vorsorgedialog» a été réalisée à l’Institut IFZ de la Haute école de Lucerne – Economie sur mandat de PensExpert et Pax.