Horizonte und Trends

Un début harmonieux

Lors de la traditionnelle manifestation de début d’année «Horizonte und Trends» de vps.epas, les augures ont vaillamment livré leur pronostic pour l’avenir. Après une année 2022 désastreuse, la hausse des taux d’intérêt éclaircit les perspectives pour les caisses de pensions.

Claudio Zemp

Rien ne se passe jamais comme prévu: pour les marchés boursiers, 2022 aura été un cauchemar du début à la fin. Après cette année, l’une des pires depuis longtemps, les intervenants ont confié leurs prévisions pour 2023 avec toute la prudence requise.  

Y a-t-il une compensation? 

Dans le cadre de l’exposé introductif, Marianne Frei (experte en assurances de pension et associée, Aon Suisse SA)  a présenté son point de vue de spécialiste aux responsables de caisses de pensions sur l’approche possible en période de hausse des taux d’intérêt et d’inflation. Des revendications se font notamment entendre du côté des bénéficiaires de rentes qui réclament une compensation du renchérissement comme il en existe au niveau des rentes AVS. Les caisses de pensions n’ont toutefois pas d’obligation à cet égard. Elles disposent en effet d’une marge d’appréciation pour compenser le renchérissement dans le cadre de leurs possibilités financières.  

 

Non, il n’y en a pas.  

En réalité, ce n’est quasiment jamais le cas: les caisses de pensions aimeraient bien donner davantage, mais ne le peuvent pas. C’est ce qui est ressorti du premier débat animé par Peter Schnider (directeur vps.epas). La discussion a mis en évidence une situation identique pour les trois gérants de caisses de pensions Michel Herzig (C Hirslanden), Helga Portmann (Caisse de pension de la Ville de Zurich) et Cécile Richards (caisses de pensions SV Group). Les mauvais résultats des placements de l’année 2022 ne permettent tout simplement pas de verser des suppléments de rentes. Toutes les caisses ont un autre point commun, quelle que soit leur taille et la branche dans laquelle elles sont actives: le taux d’intérêt technique est de nouveau soumis à débat. Un relèvement éventuel reste toutefois l’affaire de chaque institution de prévoyance. 

 

L’année 2023 sera-t-elle meilleure?  

Dans la deuxième partie de la manifestation, Kaspar Hohler (rédacteur en chef de «Prévoyance Professionnelle Suisse») a accueilli selon la tradition trois augures experts en placements qui ont brièvement présenté les tendances dans leurs domaines respectifs.   

Damian Künzi, responsable de l’analyse conjoncturelle chez Swiss Life Asset Managers, a ouvert le bal en avançant cinq thèses. Il voit venir une récession modérée aux Etats-Unis avec un taux de chômage qui n’augmentera que légèrement. Il anticipe comme un élément positif un retour possible de la Chine dont les exportations ont déjà bien évolué en 2022 et où la fin de la politique zéro-Covid augure une année du lapin prometteuse pour la consommation domestique. En conclusion, Damian Künzi estime que le pire est derrière nous en ce qui concerne l’inflation et la hausse des taux, ce qui devrait apporter une visibilité plus élevée aux investisseurs en 2023.  

Les obligations sont de retour 

Anastassios Frangulidis (responsable Multi Asset Zurich, Pictet Asset Management), a scruté  les perspectives de la politique monétaire. Comme Damian Künzi avant lui, il s’en tient à cinq diapositives qui vont à l’essentiel et relève que l’inflation est un phénomène monétaire. Dans le secteur des obligations, il explique que l’année 2022 a été la pire depuis un siècle. Il estime que la correction des évaluations sur les titres obligataires est désormais terminée tandis que le dollar US reste fortement surévalué.  

Philippe Bertschi (Multi Asset Fund Manager, Schroders) a été le troisième à plonger le regard dans la boule de cristal du marché des actions. Il y voit surtout une augmentation des risques alors que le marché obligataire local dégage encore des rendements plutôt attrayants. Au plan régional, les actions évoluent de manière très disparate et peuvent être source de rendements intéressants.   Qu’est-ce qui pourrait donc aller de travers? Lors le débat qui a suivi, les experts se sont tous accordés à dire que la probabilité de surprises positives était supérieure à celle de surprise négatives.   En conséquence, il devrait valoir la peine cette année aussi de prendre des risques de manière consciente dans le domaine des placements. Ou, comme Philippe Bertschi le formule: «Une vie sans sucre n’a rien d’amusant.»