Olaf Meyer, Managing Director TAF Consulting, explique que les assurés actifs d’aujourd’hui sont confrontés à une lacune de rémunération car les rendements servent à financer la redistribution en faveur des rentiers. Pour y remédier, il propose d’introduire des fondations de rentiers pures qui devront être financées sur des bases solides et appliquer un taux d'intérêt technique de 0%. Des rendements supérieurs seraient versés a posteriori aux retraités. Pour mettre cette mesure en œuvre, il faudrait créer des caisses de rentiers et un marché sur lequel les effectifs de rentiers seraient transférés depuis les institutions de prévoyance vers ces caisses.
Avec la séparation définitive des droits des actifs et des retraités, les employeurs et les actifs ne devraient plus avoir à financer des plans d’assainissement pour les rentiers. L’évaluation des engagements de prévoyance avec un taux d’intérêt technique de 0% et le recours à des paramètres actuariels prudents sont la condition préalable pour que les actifs n’aient plus à subventionner les retraités.
La rente à terme, une solution pour les assurés avec des prestations élevées
Livio Cathomen, expert en assurances de pensions chez CMP Egliada, a présenté des pistes de solutions actuarielles pour de nouveaux modèles de rentes. Lui aussi souhaite un abaissement du taux d’intérêt technique à 0% et une participation a posteriori des assurés à la performance de la caisse. Concrètement, l’assuré toucherait donc une rente à vie dans le régime obligatoire et une rente à terme non rémunérée dans le régime surobligatoire, mais avec une participation à la performance après expiration de la rente à terme. Les risques de longévité et de taux seraient ainsi gérables pour la caisse – à condition qu’il s’agisse d’une solution enveloppante.
Stratégies de placement pour les effectifs de rentiers
Samuel Lisse, CEO de Mercer Suisse, explique que les stratégies de placement représentent un défi, même pour des caisses de rentiers pures avec un rendement cible bas. Les caisses ont des besoins en termes de flux de trésorerie et de performance, mais souffrent des taux d'intérêt historiquement bas, des frais de couverture de change qui absorbent la quasi-totalité des rendements plus élevés à l'étranger et de l’interdiction absolue de levier que ne connaissent pas les caisses étrangères.
Que signifie la surveillance?
Au cours du débat qui a suivi, Stefan Stumpf, responsable de l’Autorité de surveillance LPP et des fondations de Suisse orientale, s’est montré très intéressé par ces nouvelles pistes. Il a toutefois aussi souligné que la communication avec les assurés et les employeurs pourrait devenir relativement difficile. En tant qu’autorité de surveillance juridique, il ne donne pas d’instructions aux conseils de fondation sur des questions techniques. Les solutions en la matière incombent à l’organe suprême, précise-t-il.